Cléry au XIXe siècle

L’étude du recensement de la commune de Cléry-en-Vexin en 1831 nous donne quelques indications sur la vie du village. Au début du XIXe siècle, l’activité du village est essentiellement rurale, et la communauté villageoise était complétée par de nombreux artisans.
En 1831, le village compte 331 habitants :

  • 89 garçons non mariés
  • 64 filles non mariées
  • 77 hommes mariés
  • 79 femmes mariées
  • 9 veufs
  • 13 veuves

Au XIXe siècle, il n’était pas rare de trouver des familles nombreuses dans le village. Ainsi, Jean-Baptiste Descours, le maire du village avait 9 enfants âgés de 5 à 26 ans.

A cette époque,le terme cultivateur désignait les paysans les plus aisés qui pouvaient vivre uniquement de la terre. Sur une population totale de 331 habitants, Cléry-en-Vexin comptait 13 familles de cultivateurs. Selon la taille des exploitations, ces cultivateurs employaient des charretiers qui étaient à la fois responsables des labours et des transports. En 1831, il y avait 18 charretiers dans le village. Parmi les patronymes les plus courants, on retrouve les Doucet, les Bouillette et les Fortier. La qualité de ces charretiers venait de la manière dont ils enrayaient, c’est-à-dire de la façon dont ils traçaient le premier sillon des labours.

Une grande partie des ouvriers agricoles (ils étaient plus d’une vingtaine à Cléry) travaillaient dans les fermes en louant leurs services à la journée. Ces journaliers effectuaient souvent les travaux les plus rebutants, les plus fatigants et les plus longs. Les femmes et enfants des ouvriers agricoles représentaient une main-d’oeuvre de complément, toujours disponible.

Une seule ferme du village employait un vacher. Aimé Garnot se levait de très bonne heure et après la traite, il devait donner à manger aux bêtes, préparer la pulpe de betterave broyée et nettoyer la paille. Les 5 bergers du village étaient, sans doute, des ouvriers agricoles payés par les cultivateurs, car les bergers à leur compte étaient très rares en raison des difficultés financières de cette profession.

Bien qu’elle ait complètement disparu dans le Vexin, la transformation du lin et du chanvre occupait au XIXe, les femmes ainsi que quelques artisans. On comptait à Cléry 5 tisserands (Alphonse Le Gendre, Emmanuel Pigeon, Louis Verny, Alexandre et Nicolas Morin) et 2 cordiers (Charles et François Benard). Plus d’une quinzaine de femmes avaient des activités de couturière. Elles étaient des travailleuses itinérantes qu’on louait souvent pour la journée. Elles taillaient et cousaient les habits d’hommes aussi bien que ceux des femmes et des enfants.

La situation du village et de son hameau (Les Tavernes) sur l’axe Paris/Rouen justifie également le nombre d’artisans. Cléry-en-Vexin comptait de nombreuses professions aujourd’hui disparues.

En 1831, Ambroise Coville, René Durand, Charles Lamy, Pierre Masson et son fils, François, Nicolas et Pascal Rousselet exerçaient le métier de charron. Ces artisans de renom fabriquaient, entretenaient et réparaient les voitures de charge et les machines agricoles : brouette, charrette, charrue, mais ils fabriquaient et réparaient également les roues.

Le charron travaillait essentiellement durant les périodes ou les travaux des champs étaient plus intenses (labour, semailles, moisson…) : les chariots, charrettes ou autres charrues étaient mis à rude épreuve et les roues se brisaient plus qu’à l’accoutumée. A partir de 1950, la mécanisation agricole a eu raison de ce métier.
Pierre Berquier, le seul bourrelier du village, aidé de son fils Théodore, confectionnait et réparait les bâts et les harnais des bêtes de somme, les colliers et les guides des chevaux qu’on attèle à la charrue, aux charrettes et aux tombereaux, indispensables aux rudes travaux des champs. Le bourrelier faisait un travail d’usage, où la solidité primait sur l’élégance.
Autrefois, pas de village sans forge, sans maréchal-ferrant et sans le bruit familier du marteau frappant en cadence sur l’enclume… Le village de Cléry ne dérogeait pas à la règle. On comptait même 5 maréchaux-ferrants. Il s’agissait de Charles Cottin, Charles Deschard, Téophile Lajoie, Henry et son fils Augustin Roussel.
Personnage central et reconnu de la vie villageoise traditionnelle, il cumulait souvent les fonctions de forgeron, ferronnier et taillandier.
Le perfectionnement de l’agriculture, le développement de la culture attelée et l’essor du cheval dans les transports justifiaient l’activité du maréchal-ferrant. C’est lui qui ferrait les chevaux, les mules et les vaches, fabriquait et réparait les versoirs et les pièces en fer des charrues, des attelages, tout l’outillage à main nécessaire aux travaux des champs et les outils des artisans du village.
Parmi les personnages les plus connus du village, on trouvait le curé, Jacques Bertaux âgé de 80 ans qui avait participé à la rédaction des cahiers de doléances du clergé pour le baillage de Chaumont-en-Vexin en 1788.
Homme respecté et surtout craint, Nicolas Bequet, le garde-champêtre représentait l’autorité communale. Il était, l’unique et seul employé de la commune, le gardien de la population villageoise. Il veillait sur tout ou presque, il surveillait presque tout également. Sa polyvalence le rendait indispensable au bon fonctionnement matériel de la commune. Le garde-champêtre assurait d’une certaine façon l’ordre et officiait comme représentant de la police communale.
Mais de nos jours, qui se souvient de ce personnage haut en couleur et maintenant disparu de bon nombre de nos communes ?